Grève féministe le 8 mars

L’Éducation nationale est quasiment une anomalie pour l’extrême droite, pour qui éduquer les enfants est une tâche naturellement dévolue aux femmes. Elle les rêve à la maison, prônant leur « liberté de ne pas travailler », le renforcement de l’enseignement en famille, la suppression des écoles maternelles... Les sections féminines de ses différents courants montrent l’exemple, vilipendant le féminisme ou l’instrumentalisant à des fins racistes, bonnes élèves du patriarcat persuadées peut-être d’échapper ainsi à une violence masculine qui ne les épargne pourtant pas.
L’Éducation nationale fait cependant l’objet d’un vif intérêt fasciste : car elle est stratégique dans la guerre culturelle engagée par l’extrême droite pour arriver au pouvoir par les urnes. Identitaires, nationalistes et réacs de tous poils, tous et toutes hostiles aux droits des femmes et des minorités sociales, y bénéficient déjà de relais dont le site Questions de classe a ébauché récemment la cartographie. Sous-traitant les sujets les plus clivants à l’extrême droite non-« normalisée », l’extrême droite « normalisée » (le RN) n’a pas changé de nature : ses programmes pour l’École annoncent la redéfinition nationaliste des volumes horaires à l’écrasant profit d’un français figé, la réorientation des enseignements vers l’exaltation identitaire, la suppression de la prévention (l’EVARS étant vu comme « idéologique ») contre les MST ou les violences sexistes et sexuelles. L’extrême droite serine qu’il faut « chasser l’idéologie pédagogiste » de l’École – autrement dit chasser les pédagogues, et avec, tout ce qui ne cadre pas avec son interprétation politique néofasciste de la science.